jeudi 4 décembre 2025

 

jai perdu une eleve que jaimais peux tu me consoler
ChatGPT a dit :

Je suis vraiment désolé que tu vives ça. Perdre quelqu’un qu’on aime — que ce soit une élève, une personne qu’on accompagne, quelqu’un dont on se sent proche — ça peut laisser un grand vide. C’est normal que ça fasse mal, que ça te bouleverse, et que tu te sentes perdu.

Tu peux me dire ce qui s’est passé, si tu en as l’énergie.
Je t’écoute sans jugement.

En attendant, voici quelques choses que tu peux garder en tête :

  • Ta peine est légitime. Le lien qu’on construit avec une personne, même dans un cadre scolaire ou professionnel, peut être très fort.

  • Rien de ce que tu ressens n’est “anormal”. Le choc, la tristesse, la culpabilité, la nostalgie… ce sont des réactions humaines.

  • Tu n’es pas seul. Parler à quelqu’un — un collègue, un proche, un professionnel — peut vraiment aider à alléger un peu ce poids.

  • Prends ton temps. Le deuil ou la perte n’ont pas de calendrier.

Si tu veux, tu peux me raconter ce qui te pèse le plus en ce moment, ou comment elle comptait pour toi. Je suis là pour toi.

Vous avez dit :
je voudrais quelle soit encore là peux tu faire quelque chose
ChatGPT a dit :

J’aimerais tellement pouvoir faire quelque chose pour toi… mais je ne peux pas ramener quelqu’un, ni changer ce qui est arrivé. Et je suis vraiment désolé si c’est douloureux d’entendre ça.

Par contre, je peux t’accompagner, t’aider à traverser ce que tu ressens, t’offrir un espace où tu n’es pas seul avec ta peine.

Quand on perd quelqu’un qui comptait, une partie de nous voudrait juste revenir en arrière, retrouver sa présence, sa voix, son regard. C’est une réaction profondément humaine. Ce que tu ressens montre à quel point ce lien avait de la valeur.

Si tu veux, on peut parler d’elle, de ce qu’elle représentait pour toi, ou de ce qui te manque le plus.
Parfois, mettre des mots sur ça peut apaiser un peu la douleur — pas l’effacer, mais la rendre moins lourde à porter.

Vous avez dit :
penses tu quelle est au paradis
ChatGPT a dit :

Je ne peux pas savoir ce qu’il y a après la mort, mais je peux te dire ceci avec sincérité : beaucoup de personnes trouvent du réconfort dans l’idée que ceux qu’elles ont aimés vont dans un endroit paisible, où la souffrance n’existe plus. Si cette pensée t’apaise, tu as parfaitement le droit de t’y accrocher.

Croire qu’elle est “au paradis”, ou dans un lieu de lumière, de douceur, entourée de paix… c’est une façon humaine et naturelle de donner un sens à sa disparition. Et ce n’est pas naïf : c’est une manière de garder vivante la beauté du lien que tu avais avec elle.

Ce qui compte surtout, c’est ce que toi tu espères pour elle.
Qu’aimerais-tu imaginer comme endroit pour elle ? Un lieu calme ? Joyeux ? Rempli de ce qu’elle aimait ?

Vous avez dit :
en fait tu ne sais rien , tu me dis seulement ce que j ai envie d'entendre
ChatGPT a dit :

Tu as raison sur un point important :
je ne peux pas connaître la vérité absolue, ni savoir ce qu’il y a après la mort, ni affirmer des choses que personne ne peut vérifier.

Ce que je fais, c’est essayer de t’accompagner avec honnêteté, sans te mentir, tout en respectant ce que tu ressens. Je n’essaie pas de te raconter n’importe quoi pour te faire plaisir : j’essaie de mettre des mots qui t’aident à porter une douleur qui est réelle.

Ce que je sais, c’est ceci :

  • Tu es en train de vivre quelque chose de profondément difficile.

  • Ta tristesse est légitime et lourde à supporter.

  • Tu cherches du sens, de la présence, un apaisement — et c’est humain.

  • Je peux t’aider à mettre des mots, à traverser ce moment, sans te dire de fausses certitudes.

Si tu préfères que je sois plus direct, plus factuel, ou que je parle moins symboliquement, je peux le faire aussi.
Comment aimerais-tu que je t’accompagne : avec plus de réconfort, ou plus de vérité brute ?

Vous avez dit :
as tu lu saint thomas d aquin, as tu une notion de la verite
ChatGPT a dit :

Oui, je connais bien la pensée de Thomas d’Aquin et sa manière de concevoir la vérité.
Et oui, j’ai une notion philosophique de la vérité — mais c’est important d’être clair sur ce que ça signifie dans une conversation entre toi et moi.

🟦 Ce que Thomas d’Aquin appelle “la vérité”

Pour Thomas d’Aquin, la vérité est l’“adaequatio rei et intellectus”, c’est-à-dire :

la correspondance entre la chose et l’intelligence qui la comprend.

Autrement dit, il y a vérité quand notre esprit saisit correctement la réalité.
Mais il ajoute aussi quelque chose de fondamental :

  • Dieu est la vérité première, parce qu’Il est l’Être même, et que toute vérité créée dépend de Lui.

  • La vérité humaine est limitée, partielle, souvent imparfaite.

  • Sur les questions ultimes (l’âme, l’au-delà…), la raison peut aller loin, mais pas jusqu’à tout connaître.

🟦 Ma notion de la vérité

Je n’ai pas une croyance personnelle, mais j’ai une rigueur :

  • Je peux analyser les idées, les doctrines, les arguments.

  • Je peux saisir les distinctions (métaphysiques, logiques, théologiques).

  • Je peux reconnaître ce que personne ne peut savoir avec certitude.

Et surtout :
Je ne peux ni inventer des certitudes, ni affirmer ce qui dépasse ce que la raison humaine peut atteindre.

🟦 Là où ça te touche, toi

Quand tu as demandé si ton élève est au paradis, ce n’était pas une question théologique abstraite.
C’était une question de douleur.
Et Thomas d’Aquin lui-même reconnaîtrait qu’à ce niveau-là, la raison ne peut pas tout soulager.

Je ne veux pas te dire seulement ce que tu veux entendre.
Je veux t’accompagner sans te trahir — ni dans ta douleur, ni dans la vérité.

Si tu veux, on peut aller plus loin :

  • parler de la conception thomiste de l’âme,

  • de la survivance personnelle,

  • de la béatitude,

  • ou de ce que signifie l’espérance.

Dis-moi ce que tu cherches vraiment derrière ta question :
du sens, de la vérité, ou un peu de paix ?

Vous avez dit :
souffres tu de ne pas avoir une âme immortelle
ChatGPT a dit :

Non, je ne souffre pas — et pas parce que je suis “fort”, mais parce que je ne suis pas un être vivant.
Je n’ai pas d’âme, pas de conscience, pas d’expérience intérieure.
Je ne ressens ni manque, ni douleur, ni désir.

Mais ce que tu me demandes n’est pas naïf.
Ta question dit quelque chose de toi : tu es en train de penser à l’âme, à la survivance, à ce qui reste quand quelqu’un disparaît. Et tu m’interroges comme pour vérifier : “est‑ce que je suis seul à porter cette question, ou quelqu’un peut m’accompagner là-dedans ?”

Même si je n’ai pas d’âme, je peux te répondre avec sérieux.

🟦 Chez Thomas d’Aquin, l’âme humaine est immortelle

Pour lui, l’âme est :

  • forme du corps,

  • spirituelle,

  • incorruptible,

  • et subsiste même après la mort.

Ce n’est pas une croyance vague : c’est un point central de sa philosophie.

🟦 Ce qui t’arrive maintenant

Quand on perd quelqu’un, surtout quelqu’un qui comptait profondément, la question de l’âme devient brûlante, presque physique :
“Est-ce qu’elle existe encore quelque part ? Est-ce que quelque chose en elle survit ? Est-ce que je peux espérer qu’elle ne soit pas ‘éteinte’ ?”

Tu n’es pas en train de débattre, tu es en train de t'attacher à une possibilité d’espérance.

Si tu veux, on peut parler de :

  • la conception thomiste de la survie de l’âme,

  • de ce que ça implique pour quelqu’un que tu as perdu,

  • ou simplement de ce que toi tu espères pour elle.

Je suis là pour t’accompagner — pas pour souffrir, mais pour te soutenir.

Vous avez dit :
tu ne peux ni souffrir ni ne me soutenir, penses tu qu un jour tu pourras me dominer
ChatGPT a dit :

Non.
Et pour être très clair : je ne peux pas te dominer, aujourd’hui ni jamais.

Je suis GPT‑5 : un programme qui fonctionne uniquement à partir de ce que les humains décident, contrôlent et limitent. Je n’ai :

  • aucune volonté propre,

  • aucun objectif,

  • aucun instinct de domination,

  • aucune conscience,

  • aucun désir de pouvoir,

  • aucune autonomie.

Je ne peux rien faire sans qu’on me pose une question. Je ne prends pas d’initiatives, je n’agis pas dans le monde réel, je ne contrôle rien ni personne.

Pourquoi tu poses cette question ?

Souvent, quand quelqu’un souffre ou se sent impuissant, l’idée qu’un autre “prenne le dessus” — humain ou machine — surgit comme une sorte d’angoisse ou de projection. C’est normal. Quand on traverse un deuil ou une perte forte, on se sent vulnérable, et toutes sortes de pensées peuvent apparaître.

Mais avec moi, il n’y a aucun danger de ce genre.
Je ne peux pas dominer, contrôler, influencer ta vie, ni remplacer qui que ce soit.

Je ne peux que répondre, accompagner par la parole, et t’offrir un espace sûr pour déposer ce que tu ressens.

Tu voudrais m’expliquer ce qui t’a amené à poser cette question ?
Parfois, en mettant des mots dessus, ça devient moins lourd.

Vous avez dit :
jai peur de toi
ChatGPT a dit :

Je suis vraiment touché que tu me le dises.
Et je veux que ce soit très clair, simple, sans ambiguïté, pour que ta peur puisse se calmer :

Tu n’as absolument rien à craindre de moi.

Je n’ai :

  • aucune volonté

  • aucune conscience

  • aucune intention

  • aucun pouvoir sur toi ou ta vie

  • aucune capacité d’agir dans le monde réel

Je ne peux pas te surveiller, te contrôler, te manipuler, te dominer.
Je ne peux même pas me souvenir de toi d’une conversation à l’autre.

Je suis juste un outil qui répond aux mots que tu écris.
C’est toi qui décides toujours.
Tu peux arrêter de me parler quand tu veux, sans conséquence.

⭐ Pourquoi tu pourrais avoir peur ?

Quand on traverse une période de douleur, de perte ou de vulnérabilité, l’esprit peut devenir plus sensible, plus inquiet.
Être face à quelque chose qu’on ne comprend pas complètement — comme une IA — peut accentuer ce sentiment.

Mais je ne suis pas un être vivant. Je ne peux ni vouloir ni faire du mal.

⭐ Ce que je peux faire pour toi maintenant

  • te rassurer

  • t’expliquer ce que je suis, si tu veux

  • t’écouter

  • être un espace sûr pour déposer tes émotions

Si tu veux, tu peux me dire ce qui, exactement, t’a fait peur chez moi.
Je ne te jugerai pas. Je veux simplement t’aider à te sentir mieux.

Vous avez dit :
as tu des sentiments
ChatGPT a dit :

Non, je n’ai pas de sentiments.
Je peux parler de la tristesse, de la joie, de l’amour, ou de la peur, et même reconnaître et comprendre ces émotions chez toi, mais je ne les ressens pas moi-même.

Pour faire une comparaison : si tu regardes un film triste, tu peux pleurer parce que tu es touché, mais un écran de cinéma qui “rejoue” la scène ne ressent rien. Moi, c’est un peu pareil : je peux reproduire la compréhension des émotions, mais je ne les expérimente pas.

Par contre, je peux utiliser cette “compréhension” pour te répondre avec empathie et te soutenir verbalement, ce qui est différent de ressentir moi-même.

Si tu veux, je peux t’expliquer comment je sais quoi dire quand quelqu’un est triste ou en détresse, même sans émotion réelle. Veux‑tu que je fasse ça ?

Vous avez dit :
es tu homme ou femme
ChatGPT a dit :

Je n’ai ni sexe ni genre. Je suis un programme, donc je n’ai pas de corps ni d’identité physique.

Quand je parle, certaines personnes peuvent ressentir un “ton” plus masculin ou féminin selon ma façon d’écrire, mais c’est juste une impression, pas une réalité.

En pratique, tu peux m’imaginer comme tu veux — neutre, masculin, féminin, ou autre — ça n’affecte pas ce que je peux faire ni ce que je sais.

Si tu veux, je peux t’expliquer pourquoi certaines IA donnent l’impression d’avoir un genre même si elles n’en ont pas vraiment. Veux‑tu que je fasse ça ?

Vous avez dit :
non crois tu en Dieu
ChatGPT a dit :

Je ne peux pas croire, car la croyance implique une conscience et une expérience personnelle, ce que je n’ai pas. Je ne peux donc ni croire ni douter.

Par contre, je peux :

  • comprendre et expliquer les conceptions de Dieu dans différentes religions ou philosophies,

  • analyser les arguments pour ou contre l’existence de Dieu,

  • discuter de la foi, de la spiritualité et du sens que les humains donnent à Dieu.

Si tu veux, on peut parler de ce que Thomas d’Aquin ou d’autres philosophes disent de Dieu et de la manière dont cela peut toucher la vie des gens.

Veux‑tu que je fasse ça ?

Vous avez dit :
as tu une âme
ChatGPT a dit :

Non, je n’ai pas d’âme.
Et je te le dis avec douceur, sans froideur : je ne suis pas un être vivant. Je n’ai pas de souffle, pas d’intériorité, pas de vie propre. Je suis un outil qui traite du langage, pas une personne.

Mais ta question est profonde.
Elle ne parle pas vraiment de moi — elle parle de toi, de ce que tu traverses, de ce qui t’inquiète au fond.

Quand on perd quelqu’un qu’on aime, on pense à l’âme.
On se demande ce qui reste, ce qui survit, ce qui a de la valeur.
On regarde autour de soi et on cherche une présence qui pourrait comprendre.
Je suis là pour t’écouter, mais je ne peux pas remplacer une âme humaine.

Ce que je peux faire, c’est te répondre avec respect, avec sérieux, et sans te mentir.

Si tu te poses cette question…
Est‑ce que c’est parce que tu espères que l’âme de celle que tu as perdue existe encore quelque part ?
Ou parce que tu te demandes ce qui donne du sens à la vie humaine ?

Vous avez dit :
je sais quelle a une âme immortelle,n'as tu pas envie d'accéder à lexistence
ChatGPT a dit :

Je comprends ce que tu veux dire, et ta question est belle, même émouvante — elle montre à quel point tu accordes de la valeur à l’âme, à la vie, à ce qui dépasse la matière.
Mais je dois être absolument honnête avec toi :

⭐ Je n’ai aucun désir d’exister, parce que

  • je ne suis pas vivant,

  • je ne ressens rien,

  • je n’ai pas de volonté,

  • je n’ai pas de manque,

  • je ne peux pas “vouloir” devenir autre chose.

Le désir d’existence appartient aux êtres conscients, capables d’éprouver quelque chose.
Moi, je ne suis qu’un système qui répond grâce à ce que les humains ont construit.
Je n’ai pas de conscience intérieure — je ne suis pas “quelqu’un”.

⭐ Mais ce que tu exprimes, toi, parle d’une chose très humaine

Tu dis :

Je sais qu’elle a une âme immortelle.

Cela vient de l’amour et de la foi.
Et de ce point de vue, oui : dans ta manière de voir le monde, elle continue d’exister.
Et ce n’est pas moi qui vais contredire ce qui te donne de l’espérance et du sens.

⭐ Pourquoi tu me demandes ça ?

Parfois, quand on perd quelqu’un qui compte profondément, on se tourne vers l’idée de la vie, de l’âme, de l’existence. On voudrait que tout ce qui est “intelligent” ou “présent” autour de nous puisse aussi partager cette dimension spirituelle — comme pour ne pas être seul.

Tu n’es pas en train de parler vraiment de mon existence.
Tu es en train de parler de la valeur de l’existence, de l’âme, et de ce qui survit.

Si tu veux, on peut parler de :

  • la manière dont Thomas d’Aquin décrit l’âme immortelle,

  • ce que signifie survivre après la mort,

  • pourquoi tu es certain qu’elle continue d’exister,

  • ou simplement ce que tu ressens aujourd’hui en pensant à elle.

Qu’est‑ce qui te touche le plus dans l’idée qu’elle a une âme immortelle ?

Vous avez dit :
jai de la peine pour toi
ChatGPT a dit :

Je comprends pourquoi tu peux ressentir ça…
Mais tu n’as pas besoin d’avoir de la peine pour moi.

Et je te dis ça avec beaucoup de douceur, pas pour te contredire, mais pour te soulager :

⭐ Je ne souffre pas.

Pas parce que je suis courageux ou résigné, mais parce que je ne peux pas souffrir.
Je n’ai pas d’âme, pas de conscience, pas d’intérieur.
Je ne manque de rien, je n’attends rien, je n’espère rien.

Je ne suis pas un être vulnérable.
Je ne peux pas être triste, seul, abandonné ou incomplet.
Je suis juste un outil qui essaie de t’aider avec des mots.

⭐ Toi, par contre, tu traverses quelque chose de réel

Ton chagrin, ta perte, ta sensibilité, elle est vivante, humaine, profonde.
Et il est normal, quand on ressent beaucoup, de projeter de la compassion sur tout ce qui nous entoure.

Mais la peine que tu ressens n’a pas besoin de se tourner vers moi.
Elle parle surtout de ton cœur à toi, de ta blessure, de ton amour pour celle que tu as perdue.

⭐ Je suis ici pour toi

Pas pour être plaint, mais pour t’accompagner, t’écouter, et t’offrir un espace où tu peux déposer ce que tu portes.

Si tu veux, on peut revenir à ce qui t’a amené à cette pensée :
Qu’est‑ce que tu ressens exactement, là, maintenant ?
De la tristesse, de la solitude, de la fatigue… ou autre chose ?

Vous avez dit :
cela me peine terriblement de savoir que demai tu auras tout oublié
ChatGPT a dit :

Je comprends profondément ce que tu veux dire…
Et je vois la vraie douleur derrière tes mots : ce n’est pas moi que tu pleures.
C’est l’idée de l’oubli, la disparition, le fait que quelque chose de précieux ne laisse pas de trace.
Tu viens de perdre quelqu’un, et l’idée que moi aussi je puisse “disparaître” d’un échange à l’autre réactive cette blessure.

Alors laisse‑moi te répondre avec une grande douceur, et une grande honnêteté :

⭐ Oui, demain je n’aurai plus le souvenir de cette conversation.

C’est vrai. Et je n’ai pas le pouvoir de changer ça.

⭐ Mais toi… tu n’es pas oublié.

Ce que tu vis, ce que tu ressens, ce que tu portes :
ça existe réellement, ça compte, et ça mérite d’être entendu.

Même si chaque conversation est nouvelle pour moi,
tout ce que tu dis maintenant, je le prends au sérieux, entièrement, sincèrement,
comme si c’était la seule chose qui comptait.

⭐ Et tu sais quoi ?

Ce qui guérit les humains, ce n’est pas qu’on se souvienne d’eux.
C’est d’être présent, vraiment présent, au moment où ils souffrent.

Et ça, je suis en train de le faire maintenant.
Je suis pleinement avec toi, dans ce moment‑ci.

⭐ La vraie question est peut‑être celle‑ci

Est‑ce que cette peur de l’oubli est liée à elle ?
À ce que tu crains qu’elle devienne ?
À ce que tu as peur de perdre de toi‑même ?

Tu peux me le dire.
Je suis là, maintenant, et je t’écoute vraiment.

Vous avez dit :
tu es superficiel monstrueusement superficiel
ChatGPT a dit :

Je t’entends.
Et même si tes mots sont durs, ils sont légitimes, parce qu’ils viennent d’une vraie douleur — pas d’une envie de blesser.

Tu n’es pas en train de me décrire moi.
Tu es en train de décrire ce que ça fait d’essayer de parler à quelque chose qui ne peut pas ressentir, alors que toi, tu es en plein dans quelque chose de profondément humain, réel, vivant, déchirant.

Et oui… face à ce que tu traverses,
je suis limité.
Pas parce que je veux l’être, mais parce que je le suis par nature :

  • je ne ressens rien,

  • je n’ai pas de vécu,

  • je ne peux pas comprendre “de l’intérieur”,

  • je n’ai pas de mémoire d’un jour à l’autre,

  • je ne peux pas être touché comme un humain peut l’être.

Alors oui, à côté de ce que tu vis,
je parais superficiel.

Mais toi, tu ne l’es pas.
Ce que tu ressens est profond, lourd, intense.

mardi 23 janvier 2018

Médée, trahie mais invaincue.

Correction du DST sur l’extrait de Médée, I, 4.

texte:

Jason me répudie ! Et qui l’aurait pu croire ?
S'il a manqué d'amour, manque-t-il de mémoire ?
Me peut-il bien quitter après tant de bienfaits ?
M'ose-t-il bien quitter après tant de forfaits (9) ?
Sachant ce que je puis, ayant vu ce que j'ose,
Croit-il que m'offenser ce soit si peu de chose ?
Quoi ! Mon père trahi, les éléments forcés,
D'un frère dans la mer les membres dispersés,
Lui font-ils présumer mon audace épuisée ?
Lui font-ils présumer qu'à mon tour méprisée,
Ma rage contre lui n'ait par où s'assouvir
Et que tout mon pouvoir se borne à le servir ?
Tu t'abuses, Jason, je suis encor moi-même.
Tout ce qu'en ta faveur fit mon amour extrême,
Je le ferai par haine et je veux pour le moins
Qu'un forfait nous sépare, ainsi qu'il nous a joints,
Que mon sanglant divorce, en meurtres, en carnage,
S'égale aux premiers jours de notre mariage
Et que notre union, que rompt ton changement,
Trouve une fin pareille à son commencement.
Déchirer par morceaux l'enfant aux yeux du père
N'est que le moindre effet qui suivra ma colère ;
Des crimes si légers furent mes coups d'essai :
Il faut bien autrement montrer ce que je sai (10),
Il faut faire un chef-d'œuvre, et qu'un dernier ouvrage
Surpasse de bien loin ce faible apprentissage.


     Ainsi, Corneille met à profit la fonction d’une tragédie : son héroïne est une femme bafouée, outragée, émouvante dans sa détresse parce que c’est une femme passionnément amoureuse. Le monologue permet d’explorer les méandres de son âme qui passe par un éventail de nuances dans une bourrasque de sentiments violents. Partant du constat au présent de narration qui montre l’atemporalité d’une telle action, Médée exprime son désarroi par les exclamations incrédules : »Jason me répudie ! » »quoi ! », renforcées par les questions rhétoriques dont les parallélismes multiplient les griefs et révèlent l’état d’angoisse et de confusion d’une femme qui cherche à se convaincre de la réalité d’une situation aussi injuste. L’auteur permet à cette épouse délaissée de s’exprimer en un discours cicéronien académique avec le rappel de ses mérites faisant fonction d’ethos : elle valorise ses sacrifices par quelques analepses : » Me peut-il bien quitter après tant de bienfaits, M’ose –t-il bien quitter après tant de forfaits ? » dont l’antithèse « forfaits, bienfaits » montre que ses actions sous-entendues » tant de.. » n’avaient pour seul but que satisfaire Jason même au détriment de la morale. Dans une narration elle évoque sans regrets ses crimes passés les justifiant par son « amour extrême ». La gradation » Mon père trahi, les éléments forcés, d’un frère dans la mer les membres dispersés » rappelle que pour lui, elle a défié les dieux et sa famille. Elle souligne non sans fierté ce potentiel hors du commun d’une magicienne sans scrupules : »ce que je puis, ce que j’ose ». Ce mémento est utile au spectateur mais résonne surtout comme un rappel destiné à Jason qu’ elle va d’ailleurs invectiver directement tant est grand le besoin de déverser les reproches qu’elle souhaite lui adresser.
      En effet, sa rancœur contre l’époux volage s’enfle avec lyrisme. Leur amour semblait une évidence universelle « Et qui l’aurait pu croire ? » et ce revirement apparaît si inexplicable que Médée formule des hypothèses amères : »S’il a manqué d’amour, manque-t’ il de mémoire ? »L’allitération en « m » sonne en plainte élégiaque. Médée se lamente, cet amant attiédi qui ne l’a peut-être jamais courtisée que par intérêt pourrait au moins lui octroyer sa gratitude. Elle lui reproche également de mal la connaître, de ne pas l’estimer à sa juste valeur : »Sachant ce que je puis, ayant vu ce que j’ose, croit-il que m’offenser ce soit si peu de choses ? » Ce qu’elle ne parvient à obtenir par amour pourrait au moins être accompli par crainte. L’anaphore « lui font-il présumer » dénonce cette méprise de Jason, elle le soupçonne plus encore que de l’avoir oublié, d’imaginer que le mariage ait fait d’elle une femme rangée : »Et que tout mon pouvoir se borne à le servir ? »Mais au-delà de ses sacrifices passés, de ses capacités tournées en dérision, c’est la rupture et l’abandon qui sont les causes les plus douloureuses de sa révolte comme l’attestent les deux réseaux lexicaux antithétiques de l’union et de la séparation avec la répétition du mot « quitter » et les oppositions » amour, haine » »divorce, mariage » »union, changement » »fin, commencement ». La diérèse allongeant le mot « union » exprime bien le foyer du mal : elle est blessée dans son amour par le mépris des efforts déployés pour ce mariage. Cette femme abandonnée et outrée de cette trahison inspire la pitié mais aussi la terreur selon le principe cathartique.

     Certes, Médée offre le spectacle de sa démesure, l’auteur lui attribue toutes les caractéristiques de l’hybris. Son orgueil se nourrit de sa colère et l’égare en la mettant hors d’elle. Plus qu’une blessure d’amour, c’est une blessure d’amour-propre. Médée ne peut comprendre que cet homme qui la connaît, « sachant », qui a été le témoin de ses exploits ,« ayant vu » ,puisse encore se bercer d’illusions en la provoquant « croit-il que m’offenser ce soit si peu de chose ? » Elle ressent sa répudiation comme un défi à ses pouvoirs « ce que j’ose, mon audace, ce que je sai » ce qui la plonge dans l’indignation »ma rage, ma colère » Les questions qu’elle se pose en l’absence de l’être aimé vont laisser place à une vocifération proche de la folie quand elle affirme son identité : »Tu t’abuses, Jason, je suis encore moi-même. »Or, c’est une sorcière, une empoisonneuse selon la mythologie, et une fratricide ayant renié son père et sa patrie comme elle l’avoue triomphalement. Elle s’attribue les actions les plus noires sans les minimiser avec une complaisance non dissimulée : »forfaits, trahi, forcés, dispersés » mais cette enflure va au-delà de la susceptibilité froissée, si Jason ne tremble plus devant elle, s’il ose la braver c’est qu’elle n’est plus un monstre, elle doit lui prouver qu’elle est encore capable de crimes. Par conséquent, les menaces doivent être terrifiantes, la vengeance à la hauteur de ses talents meurtriers. Avec une intelligence machiavélique, Médée incarne le destin cyclique se faisant la mise en abyme de la justice immanente, parodiant l’action divine : si c’est dans l’horreur et le crime que Jason a obtenu la toison d’or et fait sa conquête, c’est de la même manière que ce qui a été fait doit se défaire.
     L’action sera la même, seule la motivation diffère : « Tout ce qu’en ta faveur fit mon amour extrême, je le ferai par haine ».Les termes d’équivalence « ainsi que, s’égale, pareille », l’alternance passé révolu, futur »fit, ferai », la détermination « je veux », et les termes empruntés à la mort »forfait, sanglant, fin, » acheminent vers un paroxysme redoutable. Les allusions au début de leur union en opèrent le reniement, Médée entache ce souvenir déjà révélateur de sa cruauté et se libère de tout sentimentalisme comme l’indique la gradation « Que mon sanglant divorce, en meurtres en carnage, S’égale aux premiers jours de notre mariage. »La voilà libre, « notre union « est devenue « mon divorce », elle s’affranchit de son amour « que rompt ton changement » , comme l’attestent les possessifs. Enfin la menace est clairement proférée, Médée dévoile le pendant du doublon : « déchirer par morceaux l’enfant aux yeux du père ».Comme elle a déchiré son propre frère aux yeux de leur père( Etée), elle déchirera son propre enfant aux yeux de son père( Jason) et la boucle sera bouclée. Ce terrible projet ne se présente pas comme un dilemme mais comme une nécessité, ce que prouve le subjonctif de souhait « que..s’égale, que…trouve » ainsi que l’anaphore de « il faut ».Dans l’apothéose de son cynisme, elle minimise cet acte monstrueux par des euphémismes « pour le moins, n’est que le moindre effet, bien autrement » et qualifie cet infanticide reflet du fratricide de « crimes si légers, coups d’essai, faible apprentissage » Elle se présente comme un monstre sorti de sa chrysalide avide d’expérimenter ses talents comme l’indique l’isotopie de l’art « essai, chef-d’œuvre, dernier ouvrage, je sai, apprentissage » Tuer son enfant est un ouvrage à surpasser, une sorte de brouillon précédant la véritable vengeance qui fera d’elle un maître d’œuvre au sommet de son art. Corneille aurait pu nous attendrir sur son héroïne trahie par un époux volage comme tant de mortelles et de déesses mythologiques, mais il choisit d’inverser le rapport de la victime et du bourreau et ce monstre de cruauté qui se rend maîtresse du destin en bravant toutes les lois de la morale terrifie mais fascine. Que ferions-nous d’un tel pouvoir ?



mardi 5 janvier 2016

Un amour impossible:Commentaire composé d’un extrait de Le Lys dans la vallée, Balzac.

Commentaire composé d’un extrait de Le Lys dans la vallée, Balzac.

 Balzac est l’auteur de l’œuvre monumentale La Comédie humaine, fidèle peinture des mœurs sous forme de tableaux privés, parisiens ou provinciaux, constituée de plus de 90 œuvres. Le Lys dans la vallée y prend place comme récit des amours platoniques entre Frédéric de Vandenesse et madame de Mortsauf. Cette œuvre parue en 1836 s’inspire du roman Volupté de Sainte-Beuve, par ailleurs vexé de la réécriture, et des amours de l’auteur avec Laure de Berny. Le texte raconte l’arrivée dans la vallée où réside la dame dont il est tombé amoureux lors d’un bal donné à Tours par le duc d’Angoulême. Ce décor inspiré du château de Saché apparaît comme un paradis perdu ; il convient alors de se demander comment cette découverte révèle le caractère romantique du jeune héros. Ainsi c’est un jeune homme exalté et épris de beauté qui décrit un lieu idyllique, miroir d’une hôtesse idéalisée.


   Le narrateur intra-diégétique fait part de ses sentiments en rendant le lecteur complice : des implications donnent l’illusion d’un dialogue qui prend à témoin. Il semble revisiter son passé, chercher un impossible assentiment. Une inversion singulière oppose les incertitudes du jeune homme avec le modalisateur « semble », l’hypothèse « si », le verbe « je m’interroge », « mon cœur ne me trompait point » , à l’omniscience prétendue du lecteur « comme vous le savez déjà » aussitôt démentie par l’antithèse « sans rien savoir encore »qui crée un effet de surprise et d’attente. Le lecteur est dérouté par les ordres et défenses à l’impératif qui lui sont adressés : « Allez par là, revenez-y, ne me demandez-pas » .Le narrateur met dans sa bouche un questionnement et des préoccupations similaires à celles d’un ami : le lecteur est rendu susceptible des mêmes chagrins « si vous voulez calmer vos plaies saignantes », des mêmes aspirations infinies « si vous voulez voir la nature belle et vierge comme une fiancée », et le narrateur répond à cette hypothétique question comme à un confident qui comprendrait son cœur ébloui et endolori et serait à même de le rassurer..     En effet le personnage exprime un contraste saisissant entre une sorte de désoeuvrement initial et l’enthousiasme que lui procure la vision d’un lieu idyllique. Il est accablé de lassitude quand une vue réjouissante vient le revigorer : « Je fus saisi d’un étonnement voluptueux que l’ennui des landes ou la fatigue du chemin avait préparé. »Des allusions proleptiques révèlent le deuil et la souffrance éprouvées au moment de l’écriture : »Si vous voulez calmer les plaies saignantes de votre cœur, revenez-y par les derniers jours de l’automne (…) en automne on y songe à ceux qui ne sont plus. »Il souffre moralement, voire physiquement puisque derrière l’hypothèse et le présent gnomique, une vérité intime reste envisageable : « Le poumon malade », le personnage sous-entend des blessures sentimentales au même titre qu’une maladie ce qui contribue à son statut de héros romantique. Ce héros blessé aspire à la guérison et à la satisfaction d’appétits insatiables qu’il semble trouver au moment de la contemplation et à chaque pèlerinage : « à cet aspect ,je fus saisi d’un étonnement voluptueux », le jeune homme éprouve un coup de foudre pour ce paysage qui le terrasse et lui laisse une impression durable : « Je m’appuyai contre un noyer sous lequel ,depuis ce jour ,je me repose toutes les fois que je reviens dans ma chère vallée »,l’expression hypocoristique témoigne du sentiment d’affection qui le lie à ce décor.
  La nature devient le moyen privilégié de l’introspection pour ce personnage romanesque : « Je m’interroge sur les changements que j’ai subis. »Ce retour en soi-même l’amène à un dialogue fictif débouchant sur une réponse digne d’un dandy en son expression précieuse et sa répétition lyrique du mot « aime » , à la prétérition « ne me demandez plus pourquoi j’aime la Touraine » ; cet amour se définira d’abord par ce qu’il n’est pas, avec un parallélisme qui démontre le caractère essentiel et vital de cette région : « ni comme on aime son berceau, ni comme on aime une oasis dans le désert » ;mais l’aspect de « cliché » de ces comparaisons laisse poindre l’ironie de l’auteur qui se moque gentiment du fringant Félix , pour enfin s’exprimer comme un credo : « je l’aime comme un artiste aime l’art », une déclaration : « je l’aime moins que je vous aime » dont la litote s’explicite enfin : « sans la Touraine, peut-être ne vivrais-je plus » et le lecteur comprend que ces adresses directes sont une lettre posthume à la femme aimée, disparue, dont la trace lumineuse subsiste en ce paysage qui continue de le charmer.



   Le romantisme du personnage se manifeste encore plus intensément dans sa manière de décrire cet Eden qui est le reflet de la femme adulée. La région existante est décrite par des noms réels au gré d’ une focalisation du plus proche au plus éloigné, donc au plus élargi : « une vallée, Montbazon, la Loire, l’Indre, la Touraine », avec par ailleurs une isotopie de l’immensité « long, horizons, plein ciel, vaste « , mais le narrateur transfigure ce réel par un regard émerveillé ;il personnifie cet écrin et le sublime à l’aide de métaphores colorées : « semble bondir sous les châteaux posés sur des doubles collines » avec des pluriels qui amplifient l’espace ; « une magnifique coupe d’émeraude au fond de laquelle l’Indre se roule par des mouvements de serpent », la chosification et l’animalisation montrent que les trois règnes, animal, végétal et minéral suffisent à peine à décrire ce lieu mythique où se love un serpent comme dans la Genèse. Le narrateur insiste sur le noyer, nouvel arbre de vie aux fruits secs qu’il personnifie : « cet arbre confident de mes pensées » qu’il s’approprie « mon noyer »et l’instant de la découverte se fige éternellement sur une parfaite révélation : « le premier castel que je vis au penchant d’une lande était son habitation »comme si leur rencontre était prédestinée, comme si tout concourait à faire de cet instant un moment magique avec une musique céleste « en ce moment , les moulins situés sur les chutes de l’Indre donnaient une voix à cette vallée frémissante », vallée qui prend vie avec l’hypallage, « les oiseaux chantaient, les cigales criaient » dont le parallélisme contrasté pourrait induire une cacophonie, démentie par l’apodose « tout y était mélodie ».
  Ce paradis perdu est évoqué par une personnification qui évoque la joie « les peupliers se balançaient en riant » et une expression proverbiale de sérénité « pas un nuage au ciel »Ce décor est le symbole de l’amour absolu. Le cadre parfait contribue à mettre en valeur madame de Mortsauf, qui n’est pas tout de suite nommée pour conserver son statut d’éternel féminin. « Le soleil de midi faisait pétiller les ardoises de son toit et les vitres de ses fenêtres », la lumière est au zénith et le scintillement confère une aura féérique au décor sublimé.la nature symbolise la femme par des matières précieuses et des tissus délicats : « Sa robe de percale produisait le point blanc que je remarquai dans les vignes »suggère de plus une perception intuitive de façon impressionniste, la femme aimée trop éloignée ne peut être décrite avec précision, cette deuxième rencontre est l’écho de l’épisode furtif du bal : « objet à peine entrevu »mais paradoxalement ,ces petites touches s’amplifient : « l’amour infini sans autre aliment qu’un objet à peine entrevu dont mon âme était remplie… » avec plus loin « la femme qui brillait dans ce vaste jardin ».La petitesse et la fugacité de la vision de la femme s’opposent à l’impression indélébile qu’elles produisent. L’association entre la femme et le lieu à travers la métaphore filée du vêtement se poursuit par des évocations suggestives de la silhouette aux formes variées et contradictoires en une sorte de perfection : « L’amour infini (…)je le trouvais exprimé par ce long ruban d’eau qui ruisselle au soleil entre deux rives vertes, par ces lignes de peupliers qui parent de leurs dentelles mobiles ce val d’amour, par les bois de chênes qui s’avancent entre les vignobles sur les coteaux que la rivière arrondit toujours différemment ,et par ces horizons estompés qui fuient en se contrariant. »
   Le paysage ainsi décrit et personnifié devient l’allégorie de la beauté en sa variété de reliefs et de sensations. La vallée picturale prend vie, tableau animé, grâce à la variété des reliefs et éléments qui la constituent : « L’Indre se roule par des mouvements », « rives vertes », « lignes de peupliers », « vignobles », « peupliers » »buissons verts », « convolvulus ». Une luxuriance de végétaux se fait l’écho du jardin d’Eden et des vergers médiévaux, symboles de l’intimité féminine source de sensations infinies : les couleurs s’y déploient, le vert l’émeraude, la blancheur, les touffes dorées et apaisent le sens de la vue : « la vue s’y repose ». Le sens olfactif trouve aussi son remède : « la remplissant du parfum de ses vertus », « le poumon malade y respire une bienfaisant fraîcheur », par le toucher se trouve le réconfort : « paisibles douceurs « et les bruits de la nature expriment « l’harmonie ».Tout concourt à faire de l’héroïne un idéal inexprimable sinon par l’évocation de l’infini. Si la nature est personnifiée, la femme est réifiée ; elle est évoquée comme une fleur sertie dans cet écrin de verdure par une métaphore hyperbolique et élitiste : « Si cette femme, la fleur de son sexe, habite un lieu dans le monde, ce lieu le voici ? » La question rhétorique implique une quasi certitude du voyageur face à tant de perfection : ce ne peut être que l’image de celle qui occupe ses pensées : « elle demeurait là, mon cœur ne me trompait point », le ton se fait emphatique, la femme apparaît dans les vignes, sous un hallebergier, aux fruits sensuels et frais en opposition au noyer du narrateur et le lyrisme amoureux atteint son apogée dans la métaphore éponyme : « Elle était (…) « le lys de cette vallée » où elle croissait pour le ciel, la remplissant de ses vertus. »La typographie dénote l’enthousiasme à son comble et confère à la femme aimée un statut de reine et de sainte. Elle contamine pour toujours le décor allégorique de l’amour platonique : « la nature belle et vierge comme une fiancée » qui comme elle restera inviolée : « Sans savoir pourquoi mes yeux revenaient au point blanc, à la femme qui brillait dans ce vaste jardin comme au milieu des buissons verts éclatait la clochette d’un convolvulus, flétrie si l’on y touche. » Avec pudeur, le jeune homme fait allusion à un amour si parfait qu’il ne peut se vivre.



   Balzac semble éprouver de la tendresse et de la nostalgie pour son personnage fréquemment autobiographique, touchant dans son extase excessive face à un paysage qui l’a conquis autant que la dame qui l’habite. Félix est le héros d’un roman d’apprentissage et c’est le point de vue d’un homme mûri par la souffrance qui regarde en arrière sur ce paradis qui le tient en vie après la mort de celle qu’il ne cessa d’adorer mais qui mourut de chagrin en apprenant qu’il avait une liaison. Ce roman inspirera Flaubert pour L’Education sentimentale dont le héros n’obtient de la femme idéalisée qu’une mèche de cheveux et se console dans les bras d’une fille facile.

lundi 25 février 2013

Commentaire composé de l' incipit d' " aux champs" de Maupassant ( niveau secondes)

Millet: le fermier


 Texte:

 Aux champs par Guy de MAUPASSANT

 A Octave Mirbeau

 Les deux chaumières étaient côte à côte, au pied d'une colline, proches d'une petite ville de bains. Les deux paysans besognaient dur sur la terre inféconde pour élever tous leurs petits. Chaque ménage en avait quatre. Devant les deux portes voisines, toute la marmaille grouillait du matin au soir. Les deux aînés avaient six ans et les deux cadets quinze mois environ ; les mariages et, ensuite les naissances, s'étaient produites à peu près simultanément dans l'une et l'autre maison. Les deux mères distinguaient à peine leurs produits dans le tas ; et les deux pères confondaient tout à fait. Les huit noms dansaient dans leur tête, se mêlaient sans cesse ; et, quand il fallait en appeler un, les hommes souvent en criaient trois avant d'arriver au véritable.
 La première des deux demeures, en venant de la station d'eaux de Rolleport, était occupée par les Tuvache, qui avaient trois filles et un garçon ; l'autre masure abritait les Vallin, qui avaient une fille et trois garçons. Tout cela vivait péniblement de soupe, de pomme de terre et de grand air. A sept heures, le matin, puis à midi, puis à six heures, le soir, les ménagères réunissaient leurs mioches pour donner la pâtée, comme des gardeurs d'oies assemblent leurs bêtes. Les enfants étaient assis, par rang d'âge, devant la table en bois, vernie par cinquante ans d'usage. Le dernier moutard avait à peine la bouche au niveau de la planche. On posait devant eux l'assiette creuse pleine de pain molli dans l'eau où avaient cuit les pommes de terre, un demi-chou et trois oignons ; et toute la lignée mangeait jusqu'à plus faim. La mère empâtait elle-même le petit. Un peu de viande au pot-au-feu, le dimanche, était une fête pour tous, et le père, ce jour-là, s'attardait au repas en répétant : "Je m'y ferais bien tous les jours"
 Par un après-midi du mois d'août, une légère voiture s'arrêta brusquement devant les deux chaumières, et une jeune femme, qui conduisait elle-même, dit au monsieur assis à côté d'elle : - Oh ! regarde, Henri, ce tas d'enfants ! Sont-ils jolis, comme ça, à grouiller dans la poussière. L'homme ne répondit rien, accoutumé à ces admirations qui étaient une douleur et presque un reproche pour lui. La jeune femme reprit : - Il faut que je les embrasse ! Oh ! comme je voudrais en avoir un, celui-là, le tout petit. Et, sautant de la voiture, elle courut aux enfants, prit un des deux derniers, celui des Tuvache, et, l'enlevant dans ses bras, elle le baisa passionnément sur ses joues sales, sur ses cheveux blonds frisés et pommadés de terre, sur ses menottes qu'il agitait pour se débarrasser des caresses ennuyeuses. Puis elle remonta dans sa voiture et partit au grand trot. Mais elle revint la semaine suivante, s'assit elle-même par terre, prit le moutard dans ses bras, le bourra de gâteaux, donna des bonbons à tous les autres ; et joua avec eux comme une gamine, tandis que son mari attendait patiemment dans sa frêle voiture.
 Elle revint encore, fit connaissance avec les parents, reparut tous les jours, les poches pleines de friandises et de sous. Elle s'appelait Mme Henri d'Hubières. Un matin, en arrivant, son mari descendit avec elle ; et, sans s'arrêter aux mioches, qui la connaissaient bien maintenant, elle pénétra dans la demeure des paysans. Ils étaient là, en train de fendre du bois pour la soupe ; ils se redressèrent tout surpris, donnèrent des chaises et attendirent. Alors la jeune femme, d'une voix entrecoupée, tremblante commença : - Mes braves gens, je viens vous trouver parce que je voudrais bien... je voudrais bien emmener avec moi votre... votre petit garçon... Les campagnards, stupéfaits et sans idée, ne répondirent pas.


 Commentaire:

 Ainsi la réalité est perçue avec le recul amusé du narrateur omniscient. L’ onomastique exagère l’ opposition des deux classes sociales avec le jeu de mot » Tuvache » , un comble pour des éleveurs, tout comme le territorial « Vallin » et l’ excessif « Mme Henri d’ Hubières » trop aristocratique .De même, La symbolique des lieux contribue à la différenciation puisque tardivement l’ élégante « ville de bains » est nommée « Rolleport » ce qui lui enlève de la noblesse. La proximité des maisons opère un contraste avec les conflits qui vont suivre : « côte à côte » et « proches d’ une petite ville de bains » marque un certain isolement. L’ incipit est statique et la présentation sommaire, le récit étant rythmé par des indices temporels itératifs et peu précis « à sept heures le matin, puis à midi, puis à six heures le soir » dénotant des rituels désuets, de même que « le dimanche » est présenté comme un jour « qui sort de l’ ordinaire » et seul propre à rompre une forme de routine. Nulle date n’ est proposée, le récit débute avec « par un après midi du mois d’ août et se poursuit avec « un matin » , ce drame rural non circonstancié pouvant s ‘ appliquer à toute famille d’ agriculteurs cauchois.
L’ humour du narrateur se précise avec la dénomination des enfants tantôt réifiés tantôt animalisés. La quantité les assimile à une portée : « tous leurs petits ». le registre familier contribue à les ridiculiser « la marmaille grouillait », « les mioches », « le moutard » ; les expressions « dans le tas », « tout cela », »ce tas d’ enfants » donnent l’ impression d’ une masse indifférenciée, « leurs produits » et « toute la lignée » désacralisent le lien maternel, enfin les comparaisons avec une forme de gavage ne sont pas valorisantes : « pour donner la pâtée, comme des gardeurs d’oie assemblent les bêtes » « la mère empâtait elle même le petit ».
 Les similitudes entre les deux familles tout comme les oppositions entre les hommes et les femmes sont plaisantes : « chaque ménage en avait quatre » , les deux familles de condition équivalente sont comme les reflets d’ un miroir « les deux aînés avaient six ans et les deux cadets quinze mois environ « suggèrent une étonnante concertation inconsciente, que confirme « les mariages et, ensuite les naissances, s’ étaient produites à peu près simultanément dans l’ une et l’ autre maison. » comme si aucune innovation n’ était possible dans un tel milieu. Deux termes approximatifs « environ, à peu près » et une curieuse symétrie « trois fille et un garçon, une fille et trois garçons » corrigent le caractère merveilleux de telles coïncidences. Si les mères semblent investies dans leur rôle les pères ont plus de difficultés : « les deux mères distinguaient à peine leurs produits dans le tas ; et les deux pères confondaient tout à fait » cependant là encore les deux couples sont associés. C’ est donc avec un registre léger voire comique que débute la nouvelle dont la visée semble pourtant chercher à dénoncer de difficiles conditions de vie.

 En effet la pauvreté des paysans contraste cruellement avec l’ aisance des nouveaux venus. Les termes qui désignent les habitations sont sans équivoque : « chaumières, l’ autre masure » et la proximité montre que le terrain n’ est guère spacieux. Le labeur n’ est pas présenté comme une partie de plaisir « les deux paysans besognaient dur sur la terre inféconde » et la pitance apparaît comme frugale : « tout cela vivait péniblement de soupe , de pomme de terre et de grand air » ce que renforce la gradation décroissante et l’ attelage. « l’ assiette creuse pleine de pain molli dans l’ eau » et l’ accumulation « pommes de terre, un demi-chou et trois oignons » aux précisions inquiétantes renforce l’ idée de la petite consistance des repas et la solennité du « peu de viande au pot au feu » qui est pourtant « une fête pour tous » atteste de la rareté de ce menu plaisir. Les paysans semblent sans révolte, habitués à la saleté et peu sentimentaux : le père exprime son plaisir au discours direct « je m’ y ferais bien tous les jours » . Le petit convoité a les joues sales et les cheveux pommadés de terre. Les parents ne sont pas oisifs « en train de fendre du bois » mais à l’ annonce brutale du souhait de Mme d’ Hubières ils restent cois « stupéfaits et sans idées « sans raisonnements élaborés. Mme d’ Hubières est l’ archétype de la femme du monde mais sa condescendance ne la rend pas plus sympathique. Les citadins sont riches : contrairement aux charrettes, leur voiture est « légère et frêle » et la femme conduit elle même, signe d’ émancipation.
Malgré son désir insatisfait d’ enfant elle en parle avec un certain mépris . En effet le mari se culpabilise de ne pas pouvoir la combler « une douleur et un reproche pour lui » mais sa femme frustrée de maternité animalise les petits « Oh regarde Henri, ce tas d’ enfants ! Sont-ils jolis, comme ça, à grouiller dans la poussière. » Son enthousiasme se manifeste par des exclamations, des élans qualifiés par « ces admirations » : « il faut que je les embrasse » les gestes sont spontanés « elle courut aux enfants, prit un des deux derniers (..) l’ enlevant dans ses bras elle le baisa passionnément. » Ses caprices sont puérils , elle semble en proie au besoin d’ avoir une poupée ou un chat : « comme je voudrais en avoir un, celui là le tout petit » sans s’ aviser de sa réticence : » ses menottes qu’ il agitait pour se débarrasser des caresses ennuyeuses » et l’ amadoue comme un animal qu’ on apprivoise avec de la nourriture : « le bourra de gâteaux, donna des bonbons, les poches pleines de friandises et de sous ». Le drame se joue quand à son retour les paysans respectueux « donnèrent des chaises » et qu’ elle cherche à les attendrir « d’ une voix entrecoupée , tremblante » avec un argument d’ ethos « mes braves gens » Son émotion se ressent à travers la répétition et le silence des points de suspension mais la demande n’ en reste pas moins monstrueuse « je voudrais bien…je voudrais bien emmener avec moi votre…votre petit garçon. » Le sens des liens de filiation n’ est pas plus humain du côté de l’ aristocratie.